ÉDITO

Bonjour à toutes et tous, 

Une info lettre d’avril qui arrive au mois de mai!

Pas banal mais il fallait un retard de sortie pour ces lettres qui, j’espère, ne vous encombrent pas trop. La fin du mois fut très intense avec la sortie du spectacle Mémoires d’un volcan que la compagnie co-produit en petite partie. J’y joue dedans, et c’est agréable d’être interprète pour des projets qui ne sont pas les siens. 

Comme toute création, les derniers jours sont souvent très intenses, beaucoup de stress, de bonnes volontés qui s'additionnent avec les bugs techniques, les bris de marionnettes, les accessoires qui jusque-là étaient parfaitement solides et qui, au dernier moment, lâchent, comme s’ils matérialisent notre volonté sur le point de rompre à cause de la fatigue. Mais, ces bons objets, ces belles marionnettes, ces instruments optiques et informatiques rompent à notre place, ils prennent en charge notre fragilité et nous permettent de rester intacts. Il y a une certaine forme d’animisme dans ce que nous vivons dans les théâtres. Vimala Pons parle avec ses objets dans le spectacle Grande. Elle dit qu’à chaque début de show, elle leur adresse des mots, comme quand on arrose ses plantes et qu’on se confie à elles. Et sans doute qu’il faut charger tout cela, les choses autour de nous, de notre vie, et se charger de la leur en retour. Ce n’est pas une affaire de croyance mais de posture sans doute. 

Cette lettre d’avril arrive au mois de mai et c’est tant mieux. Ici, où je suis, au Québec depuis 5 mois, avec une virée en France en février pour travailler à la création du prochain spectacle de Simon Delattre, le printemps vient d’apparaître depuis 3 trois jours. Les températures se sont réchauffées, toutes les neiges ont fondu, et les bourgeons éclosent. Enfin. Il a fallu du temps, de la patience, pour ne pas déprimer avec les dernières tempêtes de neiges de la mi-avril. Cette lettre est alors une vraie lettre de printemps. 

Comme je suis en période de premières représentations je ne peux résister à l’envie de vous faire partager le programme de la magnifique Cinétek et de son ciné-club du mois animé par Agnès Jaoui. C’est Opening Night de John Cassavetes qui est à l’honneur et l’ensemble de l'œuvre de ce maestro new-yorkais. 

Je ne peux que vous conseiller de plonger sans retenue dans toute son œuvre. C’est en partie grâce à cette magnifique troupe d'actrices et d'équipes techniques que des belles choses dans le monde existent. 

Puis, de manière très classique, même si c’est rebutant, il faut, oui il faut plonger dans La Recherche de Marcel Proust. À la recherche du temps perdu n’est pas un travail sur la mémoire mais sur le temps qu’on a perdu, qu’on perd. Perdre du temps pour le retrouver et construire son œuvre. 

Beau printemps 🌷🐝

Pier